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Judo aux JO 2024 : pour Tatsuru Saito, un tournoi olympique au nom du père et de la tradition japonaise

Avec sa bouille ronde, son corps hors normes (1,89 m, plus de 160 kg) et son rire contagieux, le Japonais Tatsuru Saito a des airs de personnages de manga. Le judoka est pourtant une force bien réelle de la nature. Vendredi 2 août, à l’Arena Champs-de-Mars, le jeune homme de 22 ans porte sur ses épaules les espoirs de son pays, qui n’a plus été sacré aux Jeux olympiques (JO) dans la catégorie reine des + 100 kg depuis Satoshi Ishii, à Pékin en 2008.
Tatsuru Saito doit surtout composer avec un autre poids symbolique : son héritage familial. Son père, Hitoshi Saito, légende du judo nippon, est mort d’un cancer en 2015, à l’âge de 54 ans. Vainqueur chez les lourds en 1984 à Los Angeles et en 1988 à Séoul, il fut le premier Japonais à devenir double champion olympique. C’est lui, aussi, qui dirigeait l’équipe nationale lors des éditions 2004 et 2008 des Jeux.
« Il est une de mes idoles, explique Tatsuru Saito, rencontré par Le Monde lors d’un stage international à Paris. Il est impossible de le dissocier de ma carrière : les deux sont très imbriqués. Maintenant, c’est mon travail de prendre la succession. »
Au nom du père… et sous sa poigne, fidèle au conservatisme d’une école longtemps réputée pour son enseignement d’une extrême rigueur. « Quand j’ai commencé, ce n’était pas parce que je voulais en faire, mais parce que je voulais suivre mon frère. J’ai suivi son exemple, se souvient l’athlète. Le judo ne m’intéressait pas vraiment. » Les choses ont bien changé depuis. Le drame familial a joué le rôle de détonateur : « J’ai vraiment pris conscience de ma passion et de mon amour pour mon sport après le décès de mon père », relève Tatsuru Saito.
Vainqueur de son premier Grand Slam à Bakou en 2021 à 19 ans, il est passé tout près de battre le record de précocité paternel l’année suivante lors des Mondiaux de Tachkent, s’inclinant en finale. En 1983, Hitoshi Saito s’était adjugé le sacre planétaire, à 22 ans.
Même lorsqu’on l’interroge sur la perspective de disputer un tournoi olympique à Paris, sur les terres de Teddy Riner – le monstre sacré de la catégorie, l’homme aux deux titres individuels aux Jeux et aux onze couronnes mondiales –, Tatsuru Saito en revient toujours à son paternel. « Chaque parcours d’un athlète avec un objectif olympique requiert une motivation, un exemple. Dans mon cas, c’est lui, assène-t-il. Je n’ai pas eu la chance de lui dire que j’allais faire les Jeux. C’est très triste. Mais je combats aussi pour tous ceux qui m’entourent : ma mère, toute ma famille et mon coach. »
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