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« DJ Mehdi. Made in France », une plongée passionnante dans les scènes rap et électro, alors en effervescence

Thibaut de Longeville, réalisateur de DJ Mehdi. Made in France (Prix de la meilleure série documentaire à Canneseries en avril), prévient dès les premières images : Mehdi Faveris-Essadi était son meilleur ami, celui avec qui il pouvait passer des heures à parler d’un disque ou d’un film qu’ils avaient vu ensemble. Par exemple, Buena Vista Social Club (1999), de Wim Wenders, sur la musique cubaine, ou Les Seigneurs de Dogtown (2004), de Catherine Hardwicke, sur le surf et le skate, dont il s’est inspiré pour sa série.
C’est le premier écueil que le réalisateur se devait d’éviter : la proximité avec son sujet, et le risque d’un récit laudatif dans lequel les spectateurs pouvaient se perdre : « Je voulais une narration avec des moments charnières, explique-t-il, qui fassent bien comprendre ce qui, dans sa musique, a eu une vraie incidence sur la culture en France mais aussi ailleurs, indépendamment de ma volonté de rendre hommage à mon copain, ce qui avait un intérêt modéré. »
Objectif plutôt atteint sans même avoir eu besoin d’interviewer des observateurs extérieurs, comme des journalistes ou des musicologues. Mais en laissant la parole aux très proches : la famille de DJ Mehdi (sa mère, sa cousine, sa femme), ses amis musiciens et DJ (M et Pedro Winter), ou réalisateurs, comme Romain Gavras. Ainsi Kery James avoue que son DJ était son bol d’air : « Nous [les rappeurs de Mafia K’1 Fry], nous étions prisonniers des codes de la cité, on devait faire les durs, on devait survivre. Le seul moment où j’étais moi-même, c’est quand j’étais avec Mehdi. »
En utilisant ses propres archives – DJ Mehdi est celui qui avait incité Thibaut de Longeville à filmer le concert d’Ideal J, son groupe, à l’Elysée Montmartre, à Paris, en 1999, ou à documenter toutes ses sessions de studio pour son premier album solo, (The Story of) Espion, sorti en 2002 –, des audios, des vidéos, des coupures de presse glanées auprès des journalistes spécialisés, des directrices artistiques, comme Nathalie Canguilhem, ou des vidéastes, comme Jérôme Thomas, le réalisateur a nourri une série de six épisodes passionnants.
DJ Mehdi. Made in France raconte l’effervescence de deux scènes musicales, où beaucoup de jeunes curieux naviguaient, à l’instar du DJ de Gennevilliers (Hauts-de-Seine). L’autre écueil évité par cette série, c’est aussi l’ennui que provoquent souvent, dans les films musicaux, les séquences dans les studios d’enregistrement, souvent ratées. Créer un morceau de rap ou de musique électronique est, en effet, la plupart du temps, un processus technique, fastidieux et parfois répétitif.
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